lundi 4 juillet 2011

Dossard numéro 25

25. Novak Djokovic devient le 25ème numéro un de l'ATP depuis la création du classement. Il succède à Rafael Nadal. Depuis vendredi, les tractations allaient bon train : vainqueur de Jo-Wilfried Tsonga, Djokovic était d'ores et déjà assuré de monter sur le trône aujourd'hui mais une défaite en finale face à Nadal n'en ferait qu'un numéro un de pacotille. Hier, il a cloué le bec à pas mal de monde...

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu une finale de Grand Chelem aussi tendue. Loin des inspirations habituelles et des combats de titans, on a assisté à la guerre des nerfs. Premier acte : Rafael Nadal, victime préférée de Djokovic en finale depuis 5 mois, nous fait le coup du taureau volontaire à grands coups de coups droits long de ligne et de sautillements. On s'aperçoit très vite que cela ne sert strictement à rien. Novak ne joue pas en marchant ni en courant. Ce mec gambade ! Toujours idéalement placé, il joue toujours le coup juste et ne surjoue pas. Nadal ne parvient jamais à le déborder et n'étant pas un attaquant "de naissance", il s'embourbe dans des filières stériles. C'est simple, Novak fait tout mieux que lui cette année. C'est ainsi que les deux premiers sets se sont écoulés avec une aggravation de la situation dans le deuxième, Nadal se mettant à forcer ses coups et à faire des fautes inhabituelles (6-4 6-1).

Mais on ne gagne pas 10 GC en ayant un mental de brêle alors sans forcément jouer extraordinairement, Nadal écrit le deuxième acte : il lui suffit de se montrer toujours présent pour que Djokovic sorte du match. Le bras tremblotant, le placement approximatif et des fautes à la pelle. Voilà ce qui lui vaudra de voir le 3ème set filer (6-1). 

Généralement, lors d'une finale, lorsque les deux compères ont tour à tour semblé fébriles, on s'attend à ce qu'ils finissent par se relâcher et nous offrir un beau jeu simultanément. Que nenni. Les nerfs ont marqué ce match au fer blanc. Le 4ème set est encore plus tendu mais c'est le Serbe qui tire son épingle du jeu rapidement...avant de rendre le break dès le 4ème jeu. La fin du match est incertaine et il se produit une chose que je n'avais jamais vue en finale de Grand Chelem : Rafael Nadal craque et offre son jeu de service à 4-3 en faisant une double faute et trois fautes directes...Le bras de Djokovic tremblotte au moment de conclure mais pas assez. 3ème titre du Grand Chelem pour le Serbe, le premier hors des terres australiennes, le titre le plus prestigieux inscrit à son palmarès. La manière idéale de fêter sa montée sur le trône.

Et la suite ? Novak a de fortes chances de finir l'année numéro 1. Sauf accident ou énorme contre-performance, il se présentera comme favori à New York. Mais ce joueur a atteint une telle plénitude et ne semble jamais surjouer alors je ne serais pas étonnée qu'il nous fasse une fin d'année tonitruante...avant d'entamer le long processus de sauvegarde de points en 2012.
Quant à Nadal, sa meilleure période vient de se terminer et devant lui se trouve la fin de saison, période lors de laquelle il a toujours ou presque eu du mal à maintenir un bon niveau de jeu, constant. Sans parler du mental qui doit tout de même avoir pris un bon coup.

Que retenir de cette passation de pouvoir ? Eh bien, qu'il fut un temps où Rafael Nadal posait un problème insoluble à son patron, Roger Federer. Aujourd'hui, c'est lui qui ne parvient pas à résoudre l'équation Djokovic. Je lis depuis hier un peu partout que c'est Nadal qui a mal joué hier. Certes, mais pourquoi ? Parce qu'en face, on ne lui a jamais laissé l'occasion de s'exprimer. En face, aucun coup plus faible ne lui a permis de trouver la faille. L'arroseur arrosé. Ainsi va le sport.

Quant à la finale dames qui s'est déroulée samedi, j'ai été très heureuse que Petra Kvitova s'impose. Certains auraient préféré le "prestige" d'une victoire de Maria Sharapova mais les faits étaient là avant même que la première balle ne soit jouée : sur les derniers mois, elle était une meilleure joueuse que la Russe. 

La Tchèque gagne à être connue : un service efficace, un coup droit fulgurant, un revers très profond, des angles impressionnants, une variété dans les coups assez rare et une intelligence du jeu bluffante. Mentalement, on demandait des preuves. Elle en a données hier en ne tremblant pas pour conclure. Et elle nous a gratifié de la marque des championnes : ace sur balle de match. 6-3 6-4. Une leçon de tennis donnée à la monolithique Russe.

Et après ? Nous sommes nombreux à l'avoir observée ces derniers mois et à penser que la future patronne de la WTA c'est elle. Multisurfaces, solide, elle en présente en tous cas toutes les garanties. En espérant qu'elle ne s'écroule pas comme beaucoup d'autres avant elle...

lundi 6 juin 2011

Roland Garros : acte final

Les finales Nadal-Federer, notamment à Roland Garros, nécessitent toujours un peu de recul pour être commentées. On se doit de passer outre l'énorme déception que les défaites suisses procurent et l'irrésistible envie de fracasser le bras droit de l'Espagnol lorsqu'on est passionné par Roger Federer. L'avant match, le déroulement du match et son après font passer les supporters de l'Helvète par des phases proches de la schizophrénie avant qu'il ne revienne à la réalité, presque toujours dure. Gueule de bois...

L'avant-match

Cette année, Roger Federer ne devait pas affronter Nadal en finale. Il n'est plus numéro 2, Novak Djokovic proposait un niveau stratosphérique et honnêtement, personne n'y croyait. Coutumier du fait, Federer nous a encore fait le coup de la renaissance : un match dantesque en demi-finale, parfait sur tous les tableaux le propulse en finale. Ainsi réagit le cerveau du fan du suisse : 

Réaction numéro 1 (dite du comptable) : "Ah non ! Si c'est pour se faire détrousser encore une fois dimanche face à Nadal, autant que Djoko y aille. Il a plus de chances de barrer la route à l'Ibère"

Réaction numéro 2 (dite du paradis retrouvé) : "Ah ben merde alors...C'est qu'il joue bien Rodgeur...très très bien même ! On l'a retrouvé ! Vas-y ! Dégomme-moi ce Serbe qui s'y croit ! Montre-lui le chemin qu'il reste à parcourir !"
Réaction numéro 3 : "YYYYYYEEEEEEESSSSSSS ! Il l'a dégagéééééééé !!! Merde...dimanche y aura Nadal..."

Réaction numéro 4 (dite du schizophrène) : "Bon, ça y est. J'ai fait le tour des pronostics. Il y en a qui voient Rodgeur gagnant donc rien n'est perdu. Et puis y a tous ces signes...Oui, mais ce lift sur son revers...Oh non...Oui, mais Fed peut jouer agressif et puis Nadal doute en ce moment ! Mais je peux pas espérer...Non ! J'peux pas, je vais encore déprimer...Mais si il gagne, ce serait énoooorme !! Allez Rodg' !!!"

A ce moment-là, le fan de Federer n'en peut déjà plus d'attendre alors qu'on n'est que samedi matin. Lorsque la finale commencera le lendemain à 15h, il sera passé par toutes ces phases, en boucle. Il arrive devant sa télé totalement lessivé. Il a même zappé sur France 2 une heure et quart avant pour écouter Laurent Luyat et Tatiana Golovin débiner des conneries. Il est très très tendu et quand la première balle est jouée, il n'y croit plus du tout ou si peu...

Pendant le match

Rafael Nadal semble tendu, le visage très fermé. Ses coups ne sont pas en place, il fait des fautes inhabituelles, il crée encore moins que d'habitude. Il est dominé par un Roger Federer qui l'agresse constamment, ne rate rien. Puis, comme souvent, l'Espagnol entre dans son match et passe en mode "destructeur". En face, une phase d'anesthésie puis une de rébellion puis une autre la tête sous l'eau avant de sauver l'honneur et de sombrer enfin. Réactions du fan du Suisse :

Réaction numéro 1 (dite du coach qui y croit mais qui connaît son poulain par cœur) : "C'est bien Rodgeur ! C'est bien. Agresse-le. C'est la bonne tactique. Lui donne pas d'air. Casse-lui le moral tout de suite. Je suis sur(e) qu'il va pas réussir à conclure...Je vais prendre un Lexomil"

Réaction numéro 2 (dite de celui qui sait, pourtant, mais qui ne veut pas y croire) : "Et voilà ! J'en étais sur(e) ! L'aut' il commence à parpiner ! Revers, revers, revers, revers ! Il connaît que ça ! Pfff. C'est de la merde, oui !"

Réaction numéro 3 (dite de l'agonisant masochiste) : "Que ce calvaire se termine le plus vite possible, je vous en supplie...Fed est ruiné mentalement. Il crée plus rien, il joue plus, il y croit plus...J'en ai marre d'avoir de l'espoir à chaque fois et d'être douché(e)"

Variante (dite de celui qui ne veut pas subir mais qui ne pourra s'empêcher de revenir vite voir si le vent a tourné) : "J'en ai ras le cul je vais faire un tour au parc. Pas moyen que je regarde cette purge"
Réaction numéro 4 (dite du sursaut d'orgueil): "IL A GAGNE LE 3EME SET !! Miracle !! COME ON RODGEUR !"

Réaction numéro 5 (dite du résigné) : "Bon, ben, double break, j'crois que c'est bon, hein. On a compris...Va comprendre pourquoi il perd ses jeux de service alors qu'il jouait à nouveau parfaitement !..Toujours la même histoire...Ça devient sérieusement gavant..."

L'après-match

Rafael Nadal a soulevé sa coupe, Roger Federer s'est bien battu mais n'a rien pu faire. Le fan de ce dernier est dans une phase neurasthénique tout comme les forums tennis. Il n'y a que les forums nadaliens qui sont en ébullition. Ailleurs, lorsque les forums sont federiens ou de tout bords, il y a à peine vingt commentaires. Abasourdis, comme à chaque premier dimanche de juin ou presque, il leur faudra quelques heures, quelques jours pour certains, pour avoir moins mal.

Certains seront blasés et dégoûtés par le jeu que propose systématiquement Nadal (c'est mon cas). Certains jugeront Federer en lui conseillant de, au choix, changer son revers, changer de coach, changer de tactique, changer de mental, changer de coup droit, changer de smash, changer de slip et qu'ils lui en veulent (ce n'est pas mon cas). Certains se contenteront de dire qu'il a beaucoup mieux joué que lors des précédentes finales (c'est mon cas). D'autres jureront tous les dieux qu'ils ne regarderont plus de tennis jusqu'à ce que Nadal prenne sa retraite (mais on sait tous qu'ils ne tiendront pas bien longtemps...). Enfin, beaucoup diront qu'ils ne lui en veulent absolument pas, qu'il reste le plus grand et qu'ils l'aiment malgré tout. C'est mon cas. 

Rafael Nadal a mérité son titre parce qu'il a un mental hors du commun. Je ne pense pas qu'il l'ait mérité de par son jeu qui, cette année, était pauvre, peu créateur, ultra défensif et très sécuritaire. Comme on dit, un match ne fait pas l'autre et comme souvent, la finale n'a pas été le plus beau spectacle de la quinzaine. Et le vainqueur, bien que méritant puisque tenant du titre et meilleur joueur de l'histoire de la terre battue, n'était pas celui qui le méritait le plus. Je ne peux pas vraiment voir les choses autrement puisque je suis federienne ;)

Concernant la finale dames, félicitations à Na Li, première asiatique à offrir un Grand Chelem à son continent. Solide, fluide, agréable à regarder jouer, elle n'a fait qu'une bouchée d'une Francesca Schiavone tendue, débordée et pas très bonne tactiquement.

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samedi 4 juin 2011

Stratosphérique !

Il y a des matches qui vous propulsent loin, très loin. Il y a des matches qui vous rappelent pourquoi Roger Federer est immense, pourquoi Novak Djokovic n'est pas un usurpateur. Il y a des matches qui vous déposent sur un nuage et vous donnent envie de faire des bisous à tout le monde. Il y a des matches qui vous rendent meilleur, tout simplement. Et la demi-finale que le Suisse et le Serbe nous ont offerte en est la plus belle preuve.

Je ne reviendrai pas sur les détails de cette rencontre tant elle a été relatée dans la presse et sur tous les forums durant les douze dernières heures. Je vous conseillerai juste quelques articles qui valent le détour : celui de l'exceptionnelle Sophie Dorgan de L'Equipe, un article étonnant du Monde ainsi que le classique compte-rendu du faux blog de Marc Rosset (le 6ème paragraphe est tout bonnement exceptionnel). Pour finir, l'intégralité de l'interview d'après-match du vainqueur.

En résumé, je remercie Novak Djokovic et surtout Roger Federer pour les frissons et l'émerveillement que j'ai ressentis hier. J'ai rarement assisté à une rencontre d'une telle intensité. Il n'y a pratiquement pas eu de moment de flottement et qu'est-ce que ça fait du bien ! Chapeau pour le fairplay et la combativité serbe, énorme révérence à Monsieur Federer, l'incarnation du tennis !

Quant à l'autre demi-finale, pas grand chose à en tirer...Un Rafael Nadal qui a retrouvé sa longueur de balle et sa mobilité. Un Andy Murray totalement à la rue tactiquement avec un coup droit de fillette...Le premier set était assez intéressant, le deuxième un peu moins mais bien meilleur à la fin, le dernier totalement soporifique, criblé de fautes étranges et d'un Ecossais qui n'y croyait plus depuis longtemps. Heureusement que ce match avait été programmé avant le match d'anthologie qui a suivi : le contraste aurait été incroyablement déprimant !..

Petit coup de gueule : c'est un scandale que les organisateurs aient décidé de commencer ces demi-finales à 14h pour permettre aux V.I.P de déjeuner tranquillou. Franchement, j'emmerde les people qui ne paient même pas leurs places et gouvernent trop souvent les évènements français et je conchie encore plus les organisateurs du tournoi qui ne pensent qu'en terme d'audimat et de prestige à la con.
Voici un commentaire qui illustre parfaitement ma pensée :  "Qu'est-ce que j'aimerais bien les baffer les mecs qui ont fait la prog'... Ils ont dit... "on assume". C'est facile de dire ça... Moi, je vais chier sur les pompes d'un flic et je vais aller au mitard mais j'assume. Argh bande de gros cons... ça m'énerve !!" (copyright Decoturf). On a frolé la catastrophe et le report d'une éventuelle cinquième manche à ce samedi après-midi.
L'élégance de nos pensées est à la hauteur du peu de considération que les huiles de Porte d'Auteuil accordent aux professionnels du tennis...

Un pronostic pour la finale ? Nadal en 4 sets.

Maintenant, place à la finale dames qui opposera Francesca Schiavone à Na Li.
Na Li est la première Chinoise à atteindre la finale de Roland Garros et disputera sa deuxième finale de Grand Chelem d'affilée tandis que Francesca Schiavone tentera de remporter un deuxième sacre à Roland Garros.
En demi-finale, Na Li a étrillé Maria Sharapova en deux sets. Même tarif pour Marion Bartoli face à l'Italienne Schiavone.
On espère assister à une belle finale, auréolés que nous sommes des sentiments bisounoursiens qui nous emplissent depuis le match fabuleux qu'on a savouré hier...

Un pronostic ? Schiavone en deux sets.

En attendant la finale de demain, savourez la surexcitation des commentateurs de la TSR et les highlights du Roger Federer-Novak Djokovic.

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mercredi 1 juin 2011

Roland Garros ou comment les quarts de finale m'ont sapé le moral

Même si les jeux ont tendance à s'uniformiser, Roland Garros reste malgré tout le tournoi du Grand Chelem lors duquel on doit généralement attendre les demi-finales pour assister à de beaux matches. A Melbourne ou à New York, on assiste régulièrement à de belles batailles lors des premiers tours. A Londres, un peu moins mais, le jeu sur gazon étant la spécialité d'une poignée de joueurs, certains arrivent parfois à tirer leur épingle du jeu. A Paris, la science de la terre battue reste une affaire totalement maîtrisée par peu alors on assiste soit à des démonstrations, soit à des longues rencontres lors desquelles ça lime sec. Bref, quelques beaux points par ci, par là mais rarement des duels qui marquent les esprits.

Cette année n'a pas fait exception et hormis certains matches ou bribes de match (le Isner-Nadal, le Bartoli-Kuznetsova, le Bartoli-Govortsova, le début du Chardy-Simon, le début du Pavlyuchenkova-Schiavone, le début du Sharapova-Garcia, le début du Murray-Bolelli, le début du Djokovic-Del Potro, la fin du Fognini-Montanes, le milieu du Falla-Chela, le début du Monfils-Ferrer, la fin du Murray-Troicki), personnellement, j'ai beaucoup baillé. Vous me demanderez pourquoi m'infliger de telles souffrances, eh bien parce que peu importe le niveau, je ne raterai pour rien au monde un tournoi du Grand Chelem, surtout s'il s'agit du premier tournoi de l'année que je peux voir dans mon canapé plutôt que devant mon ordinateur via des liens de stream tout pourris.

Donc, cette semaine, j'espérais me mettre quelque chose de plus consistant sous la dent et je reste sur ma faim. Petit tour d'horizon de ce que les quarts de finale nous ont offert.

Les démos qui sont sympas cinq minutes mais qui, passé un set, nous donnent juste envie de roupiller

Roger Federer bat Gaël Monfils 6-4 6-3 7-6

Début de match chaotique : du vent, des fautes à la pelle, des serveurs amateurs. Puis, un Federer qui règle la mire et un Monfils qui reste enfermé dans son système de pousse baballe. Désolée d'être aussi dure avec le Français mais quand on a passé une semaine à me rabattre les oreilles avec la tactique de Gaël, le jeu de Gaël, le physique de Gaël, les chances de Gaël, j'ai juste envie de défoncer mon écran et d'exprimer haut et fort ma pensée : Gaël Monfils n'ira pas de l'avant, il se contentera de faire ce qu'il sait faire c'est-à-dire bien servir, lâcher des missiles en coup droit et ramener autant de balles que possible. Et tant qu'il se cantonnera à ça, il ne gagnera jamais contre les top players car, non, Gaël n'est pas un extraterrestre, il ne produit rien de fabuleux sur le court et il existe un monde entre le top 5 et lui. C'est dur mais, pour l'instant, c'est comme ça. Voilà. En résumé, à part un peu de déconcentration chez le Suisse, un match plié vite fait bien fait, comme prévu. Spéciale dédicace à un "membre de la famille de Gaël" (probablement son père vu le personnage) qui aurait déclaré que "Federer est vieux et devrait prendre sa retraite. Gaël va le battre sans problème". Ah ah ah !

Rafael Nadal bat Robin Soderling 6-4 6-1 7-6

Nadal nous avait offert deux purges depuis le début de cette quinzaine : son match contre Antonio Veic puis celui contre Ivan Ljubicic (le pire match qu'il m'ait été donné de voir cette année tellement les deux étaient à la rue). Aujourd'hui, il a failli nous servir le même plat. Si le dernier set n'avait pas été aussi "accroché", on se serait endormis. Mais ne rejetons pas toujours la faute sur Rafael. Aujourd'hui, c'est bien Soderling le coupable. Le Suédois nous a gratifié d'un non-match : fautes directes à la pelle, service en berne, une maîtrise du vent inexistante, un sens tactique plus que discutable et surtout, un mental de buse. Bravo Robin ! Tu as réussi à faire pire que lors de la finale de 2010. Quant à Nadal, le niveau monte lentement mais surement. Si en début de semaine on le voyait dehors sous peu, on peut dire aujourd'hui qu'il risque grandement de se pointer encore en finale. Le mental n'est pas encore mort. Je lui demanderais juste de cesser de clamer à qui veut l'entendre qu'il ne gagnera pas : l'intox, c'est pas beau...

Maria Sharapova bat Andrea Petkovic 6-0 6-3

Au secours ! Sharapova est de retour ! Non mais il faut arrêter l'hypocrisie autour de cette joueuse. On justifie le fait de l'apprécier par sa technique et son palmarès...Sa technique ? Franchement ? Vous êtes sérieux ?! Et son palmarès ? C'est le même que celui de Lindsay Davenport avec 32 titres et 81 semaines à la place de numéro 1 en moins. Pourtant, j'ai en mémoire que le traitement réservé à Lindsay était beaucoup moins redondant et flatteur. Serait-ce parce que Maria est considérée comme une bombe ? Je n'ose pas penser qu'on puisse en faire autant autour d'une joueuse pour cette raison. Je préfère croire naïvement qu'on loue son énorme mental parce que, oui, il y a une chose et une seule que je respecte chez elle, c'est son mental. Bref, son mental et surtout ses coups de boutoir ont eu raison de la pauvre et sympathique Petkovic qui a eu beau tout tenter mais n'est arrivée à rien. Sharapova vainqueure de Roland Garros ? Si, si ! C'est possib' !

Les démos qui sont trompeuses

Li Na bat Victoria Azarenka 7-5 6-2

Victoria a lutté. Victoria a encore eu des nerfs peu solides. En face, Li, la Chinoise, ne fait plus dans la dentelle. Solide résidente du top 10, finaliste de l'Open d'Australie, délestée de ses inhibitions et de sa fédération, Li ne perd plus contre n'importe qui en Grand Chelem. Certes, Victoria n'est plus n'importe qui : elle est numéro 4, devient une valeur réellement sure mais, mentalement, elle reste encore trop fraîche. Elle a 21 ans. Laissons-lui le temps d'y parvenir. Pendant ce temps, Na Li a atteint les demi-finales de tous les tournois du Grand Chelem et s'inscrit encore un peu plus dans l'histoire du tennis chinois. Nul doute qu'elle ne tremblera pas lors de la prochaine étape.

Andy Murray bat Juan Ignacio Chela 7-6 7-5 6-2

Inconstant Andy a été, inconstant Andy est resté. Chela était déjà LA surprise du tournoi (il en faut toujours une) et Andy a eu le mérite de rectifier le tir. Mais que ce fut laborieux ! Une affaire qui aurait dû être pliée en peu de temps a souffert des errances de l'Ecossais et surtout de cette manie qu'il a d'être attentiste. Pourtant, quelle main chez Andy ! Quel plaisir de le voir aller de l'avant ! Mais non, je crois que comme Monfils, Nadal et bien d'autres, Murray affectionne le jeu de fond de court et dès qu'il se sent un peu acculé, il retombe dans ses travers et nous ennuie. Cette façon qu'ont ces joueurs d'oublier que souvent c'est de l'avant que vient le salut me laisse pantoise. Enfin, Andy a fait le boulot mais il paraît bien fébrile et peine à tuer ses matches.

Marion Bartoli bat Svetlana Kuznetsova 7-6 6-4

Saluons la hargne et l'envie de gagner de Marion. Pour la première fois de sa carrière, on la sent heureuse de jouer et c'est cette nouvelle attitude qui l'a aidée face à une Kuznetsova une nouvelle fois fragile. La Russe est la spécialiste des occasions manquées et dieu sait combien de tournois prestigieux elle aurait gagnés si il l'avait dotée d'un mental de tueuse. Hier, il y avait de la place pour Svetlana mais toutes les failles ont été admirablement comblées par une Marion agressive, solide et à la tête bien en place. Un match agréable avec beaucoup d'engagement, de belles frappes et des schémas de jeu intéressants.

La démo qui fait office de blague

Novak Djokovic bat Fabio Fognini sur forfait

Fabio nous avait offert une fin de match homérique face à Albert Montanes en 1/8ème de finale. Victime d'une contracture à la cuisse, il ne pouvait plus courir ni servir et c'est avec son bras qu'il a gagné son match. Montanes peut s'en vouloir de n'avoir pas su enfoncer le clou face à un mec qui jouait en marchant. J'ai cependant été assez interpellée par toutes ces accusations de "comedia del arte" suite à ce match. J'étais pourtant sure que Fognini ne jouait pas : le service est un geste technique tellement automatique et réflexe chez un joueur que même le meilleur des comédiens aurait fini par se faire prendre en flagrant délit d'exagération à un moment ou à un autre. Or, Fabio a commis pas moins de dix fautes de pied en trois jeux de service. Fortiche, l'acteur ! Nul doute que s'il n'avait pas été Italien, il aurait eu moins de chance d'être taxé d'escroquerie...Passons. Djokovic se présentera donc en demi-finale avec cinq jours de repos. Trop de repos selon certains. Je leur réponds que je doute que cela arrête le Serbe...

Le seul match qui n'était pas du tout une démo

Francesca Schiavone bat Anastasia Pavlyuchenkova 1-6 7-5 7-5

Tenante du titre, Francesca n'a pu que regarder la balle passer pendant un set et demi tant les frappes de son adversaire étaient lourdes. En réussite totale, Anastasia a pourtant flanché au moment de conclure, rattrapée par l'évènement. Francesca, elle, a été galvanisée par l'idée de la défaite. Elle a remonté tout son handicap et bien plus, mais a également eu du mal à se débarrasser définitivement de la Russe. Espérons qu'elle tremblera moins en demi-finale.

Les pronos des demi-finales

Maria Sharapova contre Li Na : Sharapova en 3 sets
Marion Bartoli contre Francesca Schiavone : Bartoli en 3 sets
Rafael Nadal contre Andy Murray : Nadal en 4 sets
Novak Djokovic contre Roger Federer : Djokovic en 4 sets

dimanche 29 mai 2011

Roland Garros : l'article WTA

Y a pas que les mecs à Roland. Y a aussi des meufs et même si le niveau global est moins folichon, il faut arrêter de crier à la catastrophe et regarder les faits d'un peu plus près.

Tandis que 10 des 16 têtes de série masculines sont encore en course, 12 des 16 têtes de série féminines ont tenu leur rang.

Eh oui ! A force de nous rabattre les oreilles à coup de Wozniacki, Stosur et Clijsters, on a lavé le cerveau (déjà anti-WTA, il faut le dire) de bon nombre d'observateurs. "Observateurs" qui n'en ont que le nom, d'ailleurs, parce que généralement, ils ne regardent même pas plus de deux jeux du circuit féminin. Non, ils se dépêchent de zapper pour courir gerber sur ces demoiselles à longueur de forums. C'est plus marrant. Comme si TOUS les premiers tours masculins nous procuraient orgasme sur orgasme. Je suis désolée, on peut dire que la WTA est globalement moins dense que l'ATP, que sa hiérarchie est plus facilement ébranlable, on peut aussi ne pas aimer le tennis féminin mais qu'on ne vienne pas me dire que le Guillaume Rufin-Gaël Monfils du début de semaine était de haute voltige alors que le Marion Bartoli-Olga Govortsova qui se jouait en même temps présentait 100 fois plus d'engagement, moitié moins de fautes et une cadence infernale tandis que Monfils traînait la patte.

Oui, on s'emmerde parfois pendant les matches masculins. Non, on ne s'emmerde pas systématiquement lors des matches féminins.

Qu-en est-il du duo de tête du classement WTA et de la dernière finaliste de Roland Garros, alors ?

Franchement, Kim Clijsters sur terre battue, c'est laborieux. Elle a beau gagner des Grands Chelems, si elle se pointe (bien malgré elle, on est d'accord) Porte d'Auteuil sans aucune préparation, ses chances d'aller loin sont infimes. Bien sûr, même sans préparation, perdre contre Arantxa Rus de cette manière laisse perplexe. Je crois que la constance de la belge laisse à désirer. Ses titres en Grand Chelem sont l'arbre qui cache la forêt : comment se fait-il qu'elle ne soit toujours pas capable de ravir la 1ère place mondiale à Wozniacki alors qu'elle est presque la seule à gagner des titres prestigieux ? Son inconstance, je vous le dis !..
On oublie un peu trop que la première carrière de Kim a aussi été un long chemin de croix face aux meilleures de l'époque : les Williams, Mauresmo, Henin...Elle n'a jamais, ou si peu, été une emblématique meneuse et elle semble ne pas en prendre le chemin pour le moment.
Donc, Clijsters éliminée de Roland Garros, un tremblement de terre ? Certainement pas.

Caroline Wozniacki. Son problème n°1 ? Son allergie à la terre battue. Elle a beau avoir fait des progrès, l'ocre, c'est pas son truc. Oui, elle gagne des titres sur terre battue mais contre des filles qui sont dépassées par sa cadence et sa défense, quelle que soit la surface.
Son problème n°2 ? Son calendrier. Le tournoi de Bruxelles, qu'elle a gagné samedi dernier après avoir passé 5 heures en deux jours sur les courts la veille du début de Roland Garros (!!), avait été dédié à Justine Henin et Kim Clijsters. La première citée avait clairement déclaré que jouer un tournoi si près d'un Grand Chelem était inconscient. Wozniacki a eu cette inconscience, c'est ce qui l'a probablement tuée.
Donc, Caroline Wozniacki éjectée de Roland Garros, un scandale ? Sûrement pas.

Samantha Stosur. Pas de résultat probant depuis des mois, un mental extrêmement friable, une finale atteinte l'année dernière à la surprise générale, finale totalement foirée, d'ailleurs. Franchement, dois-je développer en quoi Stosur n'était pas "une favorite" ?

Alors qu'on cesse de pointer du doigt trois filles qui, pour des raisons différentes, n'allaient de toute façon pas soulever le trophée. Penchons-nous plutôt sur celles qui faisaient ou font désormais figure de prétendantes.

Les solides

Svetlana Kuznetsova : Vainqueur du tournoi 2009, elle ne fait pas de bruit, mais elle déroule. Plus fine, mieux dans sa tête, Svetlana tient son rang et c'est tant mieux. Elle n'a pas perdu un seul set et n'a laissé que 11 jeux en cours de route.

Vera Zvonareva : 3ème au classement, on n'entend pas trop parler d'elle. Moins facile que sa compatriote Kuznetsova, elle avance tout de même.

Francesca Schiavone : Tenante du titre, sa préparation nous avait laissés sur notre faim. Mauvaise à Rome, il semble que ce soit à Paris qu'elle soit réellement elle-même. En tous cas, elle ne montre pas de signe de faiblesse et a l'air déterminée.

Jelena Jankovic : Revenue dans le top 10 depuis quelques temps, on parle moins d'elle mais sa défense reste l'une des meilleures du circuit.

Na Li : Solide, c'est le mot. Elle est constante et domine sans soucis les adversaires moins bien classées. Reste à voir ce qu'elle fera face à une vraie opposition.

Petra Kvitova : Récente vainqueur du tournoi de Madrid et nouvelle pensionnaire du top 10, ses grands coups droits, son bras gauche ultra rapide et sa prise de balle très précoce ne laissent aucune chance à ses opposantes. Une très sérieuse prétendante au titre.

Victoria Azarenka : Pour l'instant, le mental friable et la santé fragile semblent lui laisser un peu d'air. Solide, sans plus, la bélarus, 4ème au classement tient son rang.

Maria Sharapova : Malmenée par la jeune Caroline Garcia au 2ème tour, Sharapova a fait preuve d'une détermination sans faille. Toujours aussi bruyante (c'est insupportable...), elle s'est très facilement défaite de Yung-Jan Chan hier. Pour la première fois de sa carrière, elle a une réelle chance d'atteindre la finale sans trop d'encombre : sa partie de tableau est moins dense que l'autre.

Les "surprises"

Daniela Hantuchova : C'est avec son cerveau et son toucher qu'elle a battu Caroline Wozniacki. Bien en place, à l'aise sur l'ocre, Daniela passe les tours tranquillement.

Gisela Dulko : Adepte de l'ocre, elle a eu la ténacité nécessaire face à Sam Stosur. Pas vraiment éblouissante, on attend de voir ce dont elle est capable face à une adversaire plus constante.

Pêle-mêle

Andrea Petkovic, Agnieszka Radwanska, Maria Kirilenko, Edina Makarova, Anastasia Pavlyuchenkova, Marion Bartoli : autant de noms qui figurent régulièrement aux tableaux des fins de tournoi. Elles sont là et ce n'est pas réellement étonnant.
Chapeau bas tout de même à Marion qui semble beaucoup plus épanouie qu'auparavant et parvient enfin à trouver du plaisir à Roland Garros. Par ailleurs, si vous en avez l'occasion, tendez l'oreille lorsqu'elle fait des analyses techniques, c'est très intéressant et très intelligent.

Les pronos des 1/8èmes

Daniela Hantuchova - Svetlana Kuznetsova : Kuznetsova en 3 sets

Marion Bartoli - Gisela Dulko : Bartoli en 3 sets

Vera Zvonareva - Anastasia Pavlyuchenkova : Zvonareva en 3 sets

Jelena Jankovic - Francesca Schiavone : Schiavone en 3 sets

Na Li - Petra Kvitova : Kvitova en 3 sets

Ekaterina Makarova - Victoria Azarenka : Azarenka en 2 sets

Maria Sharapova - Agnieszka Radwanska : Sharapova en 2 sets

Andrea Petkovic - Maria Kirilenko : Petkovic en 3 sets

En résumé, pas mal de suspense et de filles qui ne présentent pas forcément des jeux stéréotypés comme Petkovic, Schiavone, Kuznetsova et Hantuchova, et d'autres, plus conformes à la norme actuelle mais qui envoient du lourd !
Le premier qui me sort que Soderling, Monfils et Djokovic font de la poésie et que la clique de limeurs représentée par Ferrer, Chela, Montanes, Falla, Simon et Nadal (lorsqu'il retombe dans ses travers de défenseur) font dans l'originalité, je lui en colle une ! ;)

Bons matches !