25. Novak Djokovic devient le 25ème numéro un de l'ATP depuis la création du classement. Il succède à Rafael Nadal. Depuis vendredi, les tractations allaient bon train : vainqueur de Jo-Wilfried Tsonga, Djokovic était d'ores et déjà assuré de monter sur le trône aujourd'hui mais une défaite en finale face à Nadal n'en ferait qu'un numéro un de pacotille. Hier, il a cloué le bec à pas mal de monde...
Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu une finale de Grand Chelem aussi tendue. Loin des inspirations habituelles et des combats de titans, on a assisté à la guerre des nerfs. Premier acte : Rafael Nadal, victime préférée de Djokovic en finale depuis 5 mois, nous fait le coup du taureau volontaire à grands coups de coups droits long de ligne et de sautillements. On s'aperçoit très vite que cela ne sert strictement à rien. Novak ne joue pas en marchant ni en courant. Ce mec gambade ! Toujours idéalement placé, il joue toujours le coup juste et ne surjoue pas. Nadal ne parvient jamais à le déborder et n'étant pas un attaquant "de naissance", il s'embourbe dans des filières stériles. C'est simple, Novak fait tout mieux que lui cette année. C'est ainsi que les deux premiers sets se sont écoulés avec une aggravation de la situation dans le deuxième, Nadal se mettant à forcer ses coups et à faire des fautes inhabituelles (6-4 6-1).
Mais on ne gagne pas 10 GC en ayant un mental de brêle alors sans forcément jouer extraordinairement, Nadal écrit le deuxième acte : il lui suffit de se montrer toujours présent pour que Djokovic sorte du match. Le bras tremblotant, le placement approximatif et des fautes à la pelle. Voilà ce qui lui vaudra de voir le 3ème set filer (6-1).
Généralement, lors d'une finale, lorsque les deux compères ont tour à tour semblé fébriles, on s'attend à ce qu'ils finissent par se relâcher et nous offrir un beau jeu simultanément. Que nenni. Les nerfs ont marqué ce match au fer blanc. Le 4ème set est encore plus tendu mais c'est le Serbe qui tire son épingle du jeu rapidement...avant de rendre le break dès le 4ème jeu. La fin du match est incertaine et il se produit une chose que je n'avais jamais vue en finale de Grand Chelem : Rafael Nadal craque et offre son jeu de service à 4-3 en faisant une double faute et trois fautes directes...Le bras de Djokovic tremblotte au moment de conclure mais pas assez. 3ème titre du Grand Chelem pour le Serbe, le premier hors des terres australiennes, le titre le plus prestigieux inscrit à son palmarès. La manière idéale de fêter sa montée sur le trône.
Et la suite ? Novak a de fortes chances de finir l'année numéro 1. Sauf accident ou énorme contre-performance, il se présentera comme favori à New York. Mais ce joueur a atteint une telle plénitude et ne semble jamais surjouer alors je ne serais pas étonnée qu'il nous fasse une fin d'année tonitruante...avant d'entamer le long processus de sauvegarde de points en 2012.
Quant à Nadal, sa meilleure période vient de se terminer et devant lui se trouve la fin de saison, période lors de laquelle il a toujours ou presque eu du mal à maintenir un bon niveau de jeu, constant. Sans parler du mental qui doit tout de même avoir pris un bon coup.
Que retenir de cette passation de pouvoir ? Eh bien, qu'il fut un temps où Rafael Nadal posait un problème insoluble à son patron, Roger Federer. Aujourd'hui, c'est lui qui ne parvient pas à résoudre l'équation Djokovic. Je lis depuis hier un peu partout que c'est Nadal qui a mal joué hier. Certes, mais pourquoi ? Parce qu'en face, on ne lui a jamais laissé l'occasion de s'exprimer. En face, aucun coup plus faible ne lui a permis de trouver la faille. L'arroseur arrosé. Ainsi va le sport.
Quant à la finale dames qui s'est déroulée samedi, j'ai été très heureuse que Petra Kvitova s'impose. Certains auraient préféré le "prestige" d'une victoire de Maria Sharapova mais les faits étaient là avant même que la première balle ne soit jouée : sur les derniers mois, elle était une meilleure joueuse que la Russe.
La Tchèque gagne à être connue : un service efficace, un coup droit fulgurant, un revers très profond, des angles impressionnants, une variété dans les coups assez rare et une intelligence du jeu bluffante. Mentalement, on demandait des preuves. Elle en a données hier en ne tremblant pas pour conclure. Et elle nous a gratifié de la marque des championnes : ace sur balle de match. 6-3 6-4. Une leçon de tennis donnée à la monolithique Russe.
Et après ? Nous sommes nombreux à l'avoir observée ces derniers mois et à penser que la future patronne de la WTA c'est elle. Multisurfaces, solide, elle en présente en tous cas toutes les garanties. En espérant qu'elle ne s'écroule pas comme beaucoup d'autres avant elle...